L’harmonie négative est un concept fascinant qui a récemment gagné en popularité dans le monde du jazz. Ce concept, attribué au compositeur suisse Ernst Levy, a été exploré par des musiciens comme Jacob Collier, qui l’a rendu plus accessible à un large public. L’harmonie négative repose sur l’idée de prendre une progression d’accords traditionnelle et de la « renverser » autour d’un point de symétrie, produisant ainsi une nouvelle série d’accords qui semblent être des « miroirs » de la progression d’origine. Bien que théoriquement simple, son application ouvre un vaste champ de créativité pour les musiciens de jazz cherchant à enrichir leur langage harmonique.
Comment fonctionne l’harmonie négative ?
L’harmonie négative est basée sur une symétrie autour d’une note centrale. Par exemple, si vous prenez Do comme point central de symétrie dans la tonalité de Do majeur, chaque note de la gamme majeure est « renversée » vers son miroir autour de cette note. Cela implique de transformer chaque intervalle ascendant en intervalle descendant de la même amplitude. Ainsi :
- Do (tonique) reste Do (symétrie).
- Ré (2e degré) devient Si (7e degré).
- Mi (3e degré) devient La (6e degré).
- Fa (4e degré) devient Sol (5e degré).
L’idée est de prendre une progression d’accords, par exemple une progression typique de II-V-I, et de la « négativer ». Par exemple, dans la tonalité de Do majeur :
- Dm7 (II) devient Bm7♭5.
- G7 (V) devient F7.
- Cmaj7 (I) devient C minor.
Cette inversion crée une nouvelle progression harmonique qui conserve certains éléments structurels de la progression d’origine, mais avec une couleur plus sombre et mystérieuse. Dans le jazz, cela permet de réinventer des progressions classiques et de donner une dimension inattendue aux improvisations.
Pourquoi utiliser l’harmonie négative dans le jazz ?
L’harmonie négative introduit des possibilités infinies pour les musiciens de jazz cherchant à s’éloigner des progressions classiques et des résolutions attendues. Voici quelques raisons pour lesquelles ce concept est précieux pour les musiciens :
-
Créer des progressions surprenantes : L’harmonie négative permet de transformer des progressions familières en de nouvelles séries d’accords imprévisibles, ouvrant ainsi des portes à une créativité renouvelée.
-
Enrichir le langage harmonique : Utiliser l’harmonie négative permet aux musiciens d’expérimenter de nouveaux accords et de nouvelles couleurs harmoniques, tout en restant ancrés dans une structure tonale reconnaissable.
-
Développer des improvisations originales : Lorsqu’elle est intégrée dans l’improvisation, l’harmonie négative pousse les musiciens à explorer des chemins inattendus et à développer de nouvelles approches mélodiques.
-
Tordre les progressions classiques : Les standards du jazz sont souvent joués et réarrangés de manière similaire. Avec l’harmonie négative, il devient possible de tordre une progression classique sans en altérer la fonction harmonique principale, mais en lui apportant une dimension plus sombre ou plus douce.
-
Repenser la relation entre accords majeurs et mineurs : Le concept d’harmonie négative vous invite à reconsidérer les relations entre les accords majeurs et mineurs. Il met en lumière des transitions qui, bien que moins évidentes, peuvent apporter des sensations dramatiques ou mélancoliques.
Comment intégrer l’harmonie négative dans votre pratique ?
Pour appliquer l’harmonie négative dans vos compositions ou improvisations, voici quelques étapes à suivre :
-
Choisissez un point de symétrie : Généralement, dans la tonalité de Do majeur, le point de symétrie est Do. Chaque note de la gamme sera inversée autour de ce point.
-
Renversez les intervalles : Apprenez à inverser les intervalles. Par exemple, un intervalle de seconde majeure vers le haut devient une seconde majeure vers le bas.
-
Appliquez-le à vos progressions : Prenez une progression d’accords classique, comme un II-V-I, et inversez-la en utilisant l’harmonie négative pour explorer de nouvelles directions harmoniques.
-
Expérimentez avec les standards de jazz : Essayez de réarranger des standards en appliquant l’harmonie négative. Cela peut complètement changer l’atmosphère d’un morceau tout en conservant une structure sous-jacente.
-
Improvisation et expérimentation : Lorsque vous improvisez, essayez d’utiliser les notes et accords issus de l’harmonie négative comme des options viables pour vos résolutions ou phrases. Cela peut introduire des surprises dans vos solos et vous pousser hors de vos zones de confort.
Exemples d’application de l’harmonie négative dans le jazz
Prenons une progression classique de jazz et appliquons l’harmonie négative :
Progression classique (II-V-I en Do majeur) :
- Dm7 → G7 → Cmaj7
Progression en harmonie négative :
- Bm7♭5 → F7 → Cm
Dans ce cas, chaque accord est inversé autour du centre de symétrie, ce qui donne une progression plus sombre et plus mélancolique, mais qui fonctionne toujours à l’intérieur du cadre harmonique global.
Conclusion
L’harmonie négative est un outil puissant pour tout musicien de jazz souhaitant repousser les limites de l’harmonie traditionnelle. En transformant des progressions familières en progressions inversées, elle permet de découvrir des territoires harmoniques inexplorés et d’apporter de nouvelles nuances à vos improvisations et compositions. Que vous soyez un pianiste, guitariste, saxophoniste ou bassiste, intégrer ce concept dans votre pratique vous offrira de nouvelles perspectives pour enrichir votre langage musical.
Inscrivez-vous dès maintenant à notre cours en ligne « Jazz, Harmonie et Techniques d’Improvisation » sur JazzUniversity !
Profitez de l’offre actuelle pour transformer votre jeu et explorer des concepts avancés comme l’harmonie négative, les substitutions d’accords et bien plus encore.