L’harmonie est l’art de superposer des sons pour créer des accords et des progressions harmonieuses. Dans la musique, plusieurs types d’harmonie existent, chacun ayant une fonction et une esthétique propres. Voici un aperçu des principaux types d’harmonie que l’on rencontre dans différents styles musicaux, allant du classique au jazz en passant par la musique moderne.
1. Harmonie tonale
L’harmonie tonale est la plus courante dans la musique occidentale classique et populaire. Elle repose sur l’organisation de degrés autour d’une tonique, avec une hiérarchie claire entre les accords « forts » (tonique, dominante, sous-dominante) et les accords « faibles ». Elle suit des règles précises de résolution et de tension.
- Exemple : En Do majeur, la progression C – G – Am – F illustre une harmonie tonale classique avec des résolutions prévisibles.
2. Harmonie modale
L’harmonie modale utilise des modes (comme dorien, lydien, mixolydien) au lieu des gammes majeures ou mineures traditionnelles. Chaque mode a sa propre couleur et son propre caractère, offrant une liberté d’organisation des accords sans la hiérarchie rigide de la tonalité.
- Exemple : Une progression modale en Ré dorien pourrait être Dm7 – G7 – Cmaj7, mais ici, on évite les résolutions fortes, favorisant un son plus fluide et ouvert.
3. Harmonie chromatique
L’harmonie chromatique introduit des accords qui utilisent des notes en dehors de la tonalité diatonique, ajoutant de la tension et des couleurs supplémentaires. Elle est souvent utilisée pour enrichir l’harmonie tonale ou modale.
- Exemple : Dans une progression en Do majeur, l’ajout d’un A7 (qui contient le Do#, une note chromatique) avant de résoudre sur Dm est une manière d’introduire de la chromaticité.
4. Harmonie Atonale
L’harmonie atonale est une approche dans laquelle il n’y a pas de centre tonal (pas de tonique ni de dominante), ce qui signifie qu’aucune note ou accord n’est prioritaire. Elle est souvent associée à la musique contemporaine ou au jazz d’avant-garde.
- Exemple : La musique de Arnold Schoenberg est l’un des exemples les plus connus de l’harmonie atonale. Il n’y a pas de résolutions traditionnelles, et les accords sont souvent dissonants.
5. Harmonie polytonale
La polytonalité consiste à superposer plusieurs tonalités (ou clés) différentes, jouées simultanément. Cela peut créer une sensation de confusion ou de richesse sonore, et elle est souvent utilisée dans la musique contemporaine et le jazz moderne.
- Exemple : Si la main gauche d’un pianiste joue un accord de Do majeur tandis que la main droite joue un accord de Fa# majeur, cela crée une harmonie polytonale.
6. Harmonie quartale
L’harmonie quartale est construite non pas sur des tierces (comme dans l’harmonie tonale classique) mais sur des quartes. Elle est très présente dans le jazz moderne, notamment dans les compositions modales.
- Exemple : Un accord C quartal pourrait être formé des notes Do – Fa – Si, superposant des intervalles de quartes justes ou augmentées.
7. Harmonie quintale
Comme l’harmonie quartale, l’harmonie quintale empile des intervalles de quinte au lieu de tierces ou de quartes. Elle est utilisée pour créer des sons ouverts et modernes, avec une sensation de profondeur.
- Exemple : Un accord quintal en Do pourrait être composé de Do – Sol – Ré – La.
8. Harmonie parallèle
Dans l’harmonie parallèle, les accords se déplacent tous en même temps, gardant la même forme. Cette technique est courante dans la musique impressionniste et jazz, créant des effets de couleur et de mouvement sans modulations traditionnelles.
- Exemple : Dans une progression parallèle, des accords comme Dm7 – Em7 – Fm7 seraient joués de manière à maintenir la même forme en mouvement ascendant ou descendant.
9. Harmonie négative
L’harmonie négative est un concept plus récent qui repose sur l’inversion des intervalles autour d’un axe de symétrie, créant des accords miroir des progressions d’origine. Cela peut donner des accords et des progressions surprenantes qui sonnent comme des « inversions » de l’harmonie tonale.
- Exemple : Dans une progression II-V-I en Do majeur (Dm7 – G7 – Cmaj7), l’harmonie négative la transformerait en Bm7♭5 – F7 – Cm.
10. Harmonie tonale altérée
L’harmonie tonale altérée introduit des altérations chromatiques dans une progression tonale classique, souvent utilisée dans le jazz pour ajouter de la tension et de la richesse harmonique.
- Exemple : Sur un accord dominant comme G7 (Sol, Si, Ré, Fa), on peut jouer des altérations comme G7♯9 ou G7♭13 pour créer une tension avant la résolution sur Cmaj7.
11. Harmonie cadentielle
L’harmonie cadentielle repose sur l’idée de résolutions (cadences), où la tension se résout vers une conclusion harmonique claire. Elle est courante dans la musique classique, et est souvent utilisée dans les progressions V-I (dominante-tonique).
- Exemple : Une cadence parfaite en Do majeur serait G7 → Cmaj.
12. Harmonie planante
L’harmonie planante est souvent associée à la musique impressionniste (Debussy, Ravel) ou la musique ambiante. Elle se caractérise par des accords statiques et des progressions lentes ou flottantes, sans tension forte ni résolutions claires.
- Exemple : Des accords de septième majeurs ou mineurs comme Cmaj7 – Am7 – Dm7 joués sans résolution immédiate créent cette sensation de flottement.
13. Harmonie polyphonique
L’harmonie polyphonique implique plusieurs mélodies indépendantes jouées simultanément, chacune ayant sa propre structure harmonique. Elle est utilisée dans la musique baroque (Bach) mais aussi dans le jazz, où les instruments improvisent simultanément sur des lignes mélodiques distinctes.
- Exemple : Dans un morceau de Bach, plusieurs voix chantent ou jouent des lignes mélodiques qui forment une harmonie complexe lorsqu’elles sont superposées.
14. Harmonie fonctionnelle
L’harmonie fonctionnelle est basée sur des relations spécifiques entre les accords, avec chaque accord ayant une fonction spécifique (tonique, dominante, sous-dominante). Elle est la base de l’harmonie tonale classique.
- Exemple : Une progression I – IV – V en Do majeur (C – F – G) suit la logique de l’harmonie fonctionnelle.
Conclusion
L’harmonie dans la musique est un univers vaste et varié, allant des systèmes traditionnels comme l’harmonie tonale et fonctionnelle, aux systèmes plus modernes comme l’harmonie modale, quartale ou même atonale. Chaque type d’harmonie ouvre un nouveau champ de possibilités, permettant aux musiciens de créer des textures et des couleurs musicales uniques. Pour enrichir votre jeu et découvrir comment utiliser ces différentes harmonies, l’exploration de ces concepts est essentielle, surtout pour les improvisateurs et compositeurs.
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