Les fonctions de résolution de l’accord dominant

L’accord dominant (généralement noté V7 dans la musique tonale) est l’un des éléments centraux de l’harmonie en musique classique et jazz. Sa fonction principale est de créer une tension qui appelle une résolution vers un autre accord, le plus souvent un accord de tonique (I). En effet, l’accord dominant est caractérisé par une instabilité harmonique due à certains de ses intervalles qui appellent naturellement à être résolus. Explorons les fonctions de résolution de cet accord dans divers contextes, en particulier dans le jazz.

1. Résolution Classique : V → I (ou V7 → I)

Dans la musique tonale classique, la résolution la plus fréquente et fondamentale de l’accord dominant se fait vers l’accord de tonique. Cette résolution stabilise la tension créée par l’accord dominant et est appelée cadence parfaite.

  • Exemple en Do majeur :
    • Accord dominant G7 : Sol – Si – Ré – Fa
    • Résolution vers la tonique Cmaj7 : Do – Mi – Sol – Si

Pourquoi ça fonctionne ?

L’accord dominant contient deux intervalles de tension principaux :

  1. La tierce majeure (Si dans G7) : Cette note a tendance à monter d’un demi-ton vers la tonique (Do dans Cmaj7).
  2. La septième mineure (Fa dans G7) : Cette note a tendance à descendre d’un demi-ton vers la tierce majeure de la tonique (Mi dans Cmaj7).

Ces deux mouvements convergents forment une résolution naturelle qui stabilise la tension harmonique.

Utilisation dans le jazz :

Dans le jazz, cette résolution est également très courante dans des progressions comme II-V-I. Le jazz exploite souvent cette cadence pour créer des progressions fluides, en introduisant des altérations et des extensions (comme G7♯9 ou G13).


2. Résolution V7 vers l’accord mineur : V7 → i (V7 vers une tonique mineure)

Une autre résolution classique de l’accord dominant est de se résoudre vers un accord de tonique mineur. Ici, la fonction de tension reste similaire, mais la tonique est mineure, ce qui produit une couleur plus sombre.

  • Exemple en Do mineur :
    • Accord dominant G7 : Sol – Si – Ré – Fa
    • Résolution vers la tonique mineure Cm : Do – Mi♭ – Sol

Pourquoi ça fonctionne ?

Le mouvement de la tierce majeure de l’accord dominant (Si) vers la fondamentale mineure de la tonique (Do) et de la septième mineure (Fa) vers la tierce mineure (Mi♭) crée une résolution, mais avec un résultat mineur qui altère l’atmosphère générale.

Utilisation dans le jazz :

Dans le jazz, cette résolution est utilisée dans des progressions telles que V7 → i ou dans des progressions II-V-i en mineur. Les accords dominants peuvent également être altérés pour ajouter des couleurs harmoniques supplémentaires (par exemple, un G7alt résolvant vers Cm).


3. Résolution vers l’accord de sous-dominante : V7 → IV

Une autre option intéressante est de résoudre l’accord dominant vers un accord de sous-dominante (IV). Cela se produit souvent dans des progressions qui évitent la résolution directe vers la tonique et créent un effet plus intermédiaire.

  • Exemple en Do majeur :
    • Accord dominant G7 : Sol – Si – Ré – Fa
    • Résolution vers la sous-dominante F : Fa – La – Do

Pourquoi ça fonctionne ?

Cette résolution n’est pas aussi stable que la résolution vers la tonique, mais elle conduit à une progression plus ouverte, où la tension de l’accord dominant est partiellement relâchée sans pour autant atteindre la stabilité complète d’une tonique.

Utilisation dans le jazz :

Dans le jazz, cette progression est souvent utilisée dans les cadences plagales ou pour créer des progressions intermédiaires dans des cycles d’accords. Un exemple typique serait G7 → Fmaj7 dans un contexte modal ou des morceaux où la progression harmonique reste fluide.


4. Résolution trompeuse : V7 → vi (dominante vers la relative mineure)

La résolution trompeuse est une technique où l’accord dominant ne résout pas vers la tonique mais vers un autre accord, souvent l’accord de vi (sixième degré, relative mineure de la tonique). Cette résolution déstabilise les attentes harmoniques en évitant la résolution typique vers la tonique.

  • Exemple en Do majeur :
    • Accord dominant G7 : Sol – Si – Ré – Fa
    • Résolution vers la relative mineure Am : La – Do – Mi

Pourquoi ça fonctionne ?

L’accord de vi (Am dans cet exemple) contient des notes communes avec la tonique (Cmaj), mais il ne délivre pas la même sensation de « résolution finale ». Cela donne un effet plus doux et crée une progression harmonique moins attendue.

Utilisation dans le jazz :

Cette résolution trompeuse est couramment utilisée pour prolonger une progression ou éviter la résolution directe. Elle crée un effet d’étonnement pour l’auditeur et peut être suivie d’une nouvelle montée vers une tonique après avoir exploré d’autres accords intermédiaires.


5. Résolution retardée avec des accords de passage : V7 → bII7 → I (Substitution tritonique)

Une technique courante dans le jazz pour retarder la résolution consiste à utiliser un accord intermédiaire avant de résoudre vers la tonique. L’une des techniques les plus célèbres est la substitution tritonique, où l’accord dominant est remplacé par son accord de triton (un intervalle de trois tons).

  • Exemple en Do majeur :
    • Accord dominant G7 devient D♭7
    • Résolution finale vers la tonique Cmaj7

Pourquoi ça fonctionne ?

Le D♭7 est un substitut du G7 car ces deux accords partagent les mêmes notes de tension, à savoir la tierce et la septième (le Si et le Fa dans G7 deviennent le Fa et le Do dans D♭7). Cela crée un mouvement chromatique agréable vers la tonique, tout en offrant une surprise harmonique.

Utilisation dans le jazz :

La substitution tritonique est l’une des techniques les plus utilisées dans le jazz pour rendre les progressions plus riches et imprévisibles. Elle est souvent entendue dans des progressions comme II – V – I, où le V est remplacé par un bII7.


6. Résolution vers un accord mineur distant (résolution inattendue)

Dans certains cas, l’accord dominant peut résoudre vers un accord distant (tonalité éloignée) ou un accord mineur qui n’est pas dans la tonalité attendue. Cela crée une surprise harmonique forte et est souvent utilisé pour des effets dramatiques ou des modulations.

  • Exemple :
    • Accord dominant G7 résout vers Em (mi mineur)

Pourquoi ça fonctionne ?

Ce type de résolution rompt avec les règles classiques et permet de passer dans une nouvelle tonalité ou d’explorer des tonalités secondaires. Cela est particulièrement courant dans les morceaux de jazz qui intègrent des modulations inattendues.

Utilisation dans le jazz :

Les résolutions vers des accords mineurs distants sont utilisées pour moduler et offrir des transitions inattendues dans une progression. Cela peut créer une certaine tension émotionnelle, qui est souvent résolue dans une partie ultérieure du morceau.


Conclusion

L’accord dominant (V7) joue un rôle central dans l’harmonie tonale, que ce soit dans la musique classique ou le jazz. Sa fonction est de créer de la tension et d’appeler une résolution, souvent vers la tonique (I), mais il peut également résoudre de nombreuses façons plus inattendues. Que ce soit dans des cadences classiques, des résolutions trompeuses, ou des substitutions complexes comme le triton, l’accord dominant offre aux musiciens une vaste palette de possibilités pour enrichir leurs progressions harmoniques.


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